DIE WELT : ''MACRON S''' S'EST RÉTRÉCI EN RENZI ITALIEN. LA FRANCE POURRAIT PRENDRE LA ROUTE DE L'ÉCHEC'''.

BERLIN - Sic transit fortuna mundi, pourrait-on dire. Mais Macron
n'avait certainement pas prévu ce tir dans son dos, tiré par celui qui
l'avait toujours soutenu, à savoir l'Allemagne : "La réaction du
président français Emmanuel Macron à la protestation des gilets jaunes
doit sonner comme une alarme pour l'Allemagne". C'est ce qu'écrit
aujourd'hui le journal allemand "Die Welt", en soulignant comment Macron
a déçu les attentes des politiques réformistes qui ont accompagné son
élection à la présidence de la France en 2017, faisant du pays une
"nouvelle Italie" dans la perspective de l'Allemagne.

Pour Berlin, en effet, Macron "n'est plus un partenaire dans le
sauvetage de l'euro et de l'UE, mais un facteur de risque". Dans son
discours à la nation hier soir 10 décembre, "au lieu de passer à
l'offensive" contre les gilets jaunes avec "la vision d'une France
prospère qui exige des sacrifices à ses citoyens pour atteindre ses
objectifs", Macron "légitime ex post les protestations en proclamant
l'état d'urgence économique et sociale et se faufile vers les foules.

Par exemple, acceptant les revendications des gilets jaunes, Macron a
annoncé que le salaire mensuel minimum des Français augmentera de 100
euros : " d'un coup, une augmentation égale au total des augmentations
des six dernières années ". Salué en Allemagne comme l'héritier en
France de Gerhard Schroeder, chancelier social-démocrate de 1998 à 2005,
connu pour ses politiques réformistes adoptées avec des réductions
féroces des salaires et des pensions de la classe ouvrière pendant son
mandat, Macron s'est " réduit à un Matteo Renzi " italien, premier
ministre de 2014 à 2016.

Pour "Die Welt", Macron et Renzi ont en effet partagé "le dynamisme de
la jeunesse et les promesses de réforme". Dans le cas de Renzi, ils se
sont échoués ou n'ont pas été entretenus, remettant l'Italie aux
"charlatans de droite et de gauche au gouvernement actuel à Rome.

Comme l'Italie de Renzi, la France de Macron pourrait donc "prendre le
chemin de l'échec", tant sur le plan politique qu'économique. "Mauvaises
nouvelles pour l'Allemagne, économiquement et encore plus
politiquement", écrit "Die Welt".

Le risque d'affaiblissement de Macron concerne principalement l'union
monétaire. Tant que l'Allemagne et la France seront unies, " on peut
éviter que le Club Med, composé de l'Italie et de l'Espagne, ne le
transforme en une Union des transferts ".

Si, en revanche, la France se rangeait du côté de l'Italie et de
l'Espagne ou restait "neutre dans le différend sur l'union monétaire,
l'ensemble de la construction s'écroulerait". Tant l'euro que l'UE.

Alors que l'UE et la zone euro ont de plus en plus besoin d'être
réformées, Macron se soumettant aux gilets jaunes, conclut "Die Welt",
l'Allemagne devra peut-être négocier "pas avec une Italie, mais avec deux".